Méditation, juste une technique ou une force de transformation ?

La pleine conscience a fait son entrée dans beaucoup de structures : les écoles, les entreprises, les hôpitaux et dans bien d’autres secteurs.

Bon nombre de gens tirent des bénéfices concrets de leur pratique de pleine conscience : moins de stress, une meilleure concentration, la gestion de la douleur…  On peut se réjouir de ce développement qui néanmoins possède sa part d’ombre.

Le succès de la méditation de pleine conscience

La pleine conscience semble être une solution pour régler bon nombre de problématiques de la vie quotidienne. Les médias font référence à des études scientifiques sur les bienfaits de sa pratique en termes de santé et comment elle peut générer des transformations neurologiques dans le cerveau.

L’engouement pour le mouvement de la pleine conscience a créé une certaine industrie lucrative. Quelques consultants recommandent des formations à la pleine conscience, assurant qu’elle aide à améliorer l’efficacité au travail. Qu’elle peut aider à réduire l’absentéisme et mettre en valeur les compétences personnelles si essentielles dans une réussite professionnelle.

Dans leurs stratégies de positionnement, certains formateurs présentent leur programme en disant qu’il est « d’inspiration bouddhiste ». Expliquer aux néophytes que la pleine conscience est issue du bouddhisme, une science de l’esprit reconnu pour ses méthodes de méditation anciennes et éprouvées. Cependant, il arrive que ces mêmes consultants rassurent leurs commanditaires en certifiant que leur type de pleine conscience n’a plus de lien avec ses origines bouddhistes.

Pleine conscience et business du développement personnel

Vous l’aurez deviné, l’idée est de décrocher un marché. En effet, séparer la pleine conscience de son contexte éthique et spirituel bouddhiste se comprend comme un changement utile pour faire de leur formation un produit vendable sur le marché accessible à tous .

Cette façon de laïciser et de vendre la pleine conscience sous la forme d’une technique commercialisable tend à une dénaturation de cette pratique ancienne, qui vise bien plus qu’à soulager un mal de tête, à réduire le stress, ou à aider des professionnels à être plus productifs.

Bien qu’elle ait été épurée et laïcisée pour la rendre plus acceptable par une majorité, plutôt que d’exercer la pleine conscience comme un moyen d’éveiller les individus et les organisations des racines de l’avidité, de la malveillance et de l’ignorance, elle est généralement remodelée en une technique de développement personnel qui peut renforcer ces racines.

Bon nombre d’études scientifiques et de reportages qui circulent dans les différents médias présentent la pleine conscience entre autres en termes de réduction du stress et de renforcement de l’attention. Ces bienfaits sur le comportement humain sont présentés comme des incontournables de la pleine conscience et ses principaux intérêts pour le grand public. Seulement, la pleine conscience telle qu’elle est pratiquée dans la bouddhisme, n’est pas simplement une technique pour réduire le stress et améliorer la concentration. Elle est bien au contraire une qualité d’attention influencée par de nombreux facteurs : la nature de nos pensées, de nos paroles et de nos actions, la manière de gagner notre vie, nos efforts pour éviter des comportements inappropriés tout en développant ceux qui contribuent à des actions sages, à l’harmonie sociale et à la bienveillance envers tous.

Aujourd’hui, la pleine conscience est souvent commercialisée comme une méthode d’épanouissement personnel. Une telle orientation individualiste peut se révéler efficace pour se préserver et faire avancer ses propres intérêts mais est-elle inopérante pour atténuer les causes des détresses collectives ?
Il est à espérer que l’engouement pour la pleine conscience devienne une véritable force de transformation personnelle et sociale qui devra se réapproprier un cadre éthique et aspirer au bien-être de tous les êtres vivants.