Est-il possible de ne penser à rien pendant la méditation ?
La réponse scientifique à cette question est clairement « NON » car notre esprit bavarde sans cesse. Aucun être humain ne peut se vider complètement l’esprit de toute pensée et même les moines bouddhistes les plus entraînés à la méditation. Grâce à la pratique de la « pleine conscience », ils développent un état de concentration qui leur permet de ralentir le flux de leurs pensées en fixant entre autres leur attention sur leur propre souffle. Leur esprit n’est jamais complètement vide car ils restent conscients de l’objet sur lequel ils portent leur attention ; la respiration. Et ils continuent à avoir des pensées inconscientes.
Pour quelles raisons c’est impossible ?
Le cerveau humain génère des pensées sans discontinue, même au repos et pendant le sommeil. Et même dans le cas le plus extrême d’un coma. En fait, il fonctionne en permanence et le seul moment où il ne travaille plus c’est lorsque la personne est décédée. Et oui, le cerveau humain est une vraie centrale électrique avec des milliers de neurones qui s’activent en permanence pour produire environ 60 000 pensées par jour. Cependant, bon nombre d’entre elles sont les mêmes perçues hier et le jour d’avant dont beaucoup ne sont pas forcément une réalité ou utiles. Elles sont qualifiées de négatives ou de parasites.
Tout comme marcher ou conduire une voiture, nos pensées nous viennent souvent à l’esprit automatiquement. Nos modes de pensées sont tellement des habitudes qu’ils sont involontaires. À chaque moment, notre cerveau produit rapidement et inconsciemment des pensées que n’avons pas l’habitude de freiner. Cependant, ces pensées automatiques jouent un rôle important dans notre état émotionnel. Souvent, elles ont pour origine des jugements sur soi, de la culpabilité, de l’anxiété, de la peur de l’avenir, des difficultés existentielles. Elles peuvent aussi être déclenchées par ce qui est vu, entendu ou expérimenté. L’élément déclencheur peut être toute information provenant de n’importe quelle source. Bien évidemment, ce type de pensées automatiques négatives peuvent être source de détresse et de mal-être.
Ces pensées parasites indésirées touchent chacun d’entre nous. En général elles tournent en boucle, car nous cherchons maladroitement à les combattre plutôt qu’à les laisser passer. Plus nous cherchons à les refouler et plus nous les alimentons en énergie. Nous essayons de nous protéger d’une interprétation d’un possible danger intérieur comme nous le ferions face à un danger extérieur. Malheureusement çà ne marche pas comme çà car plus vous cherchez à refouler les pensées, plus vous les ancrez dans votre mental.
Changer sa relation à ses pensées
Tout d’abord, il est important de garder à l’esprit : que ce n’est pas parce que vous pensez ceci ou cela de vous que vous l’êtes réellement – que ceci ou cela va arriver, que cela va obligatoirement arriver comme vous l’avez pensé. Notre cerveau possède un mode de fonctionnement qui s’appelle « simulation » et il anticipe certaines réponses à des situations à partir d’autres expériences du même type vécues dans le passé.
Premier travail à faire, se déculpabiliser pour ne pas tomber dans l’auto-dénigrement. Il s’agit d’arrêter de se dénigrer car ce type de pensées n’a pas de signification spéciale si ce n’est de nous mettre mal à l’aise. Et aussi de cesser d’inventer des scénarios catastrophes qui en fait sont intrinsèquement liés à notre tendance à nous victimiser.
Deuxièmement, il ne sert à rien de chercher à les fuir, les éviter ou les remplacer, car avec une telle attitude elles auront toujours autant d’emprise sur nous. Il s’agit plutôt de s’habituer à leur présence. De prendre conscience de comment elles font écho dans notre corps. Autrement dit, il vaut mieux éviter de se focaliser sur le bannissement des pensées et ainsi réduire progressivement leur impact sur notre comportement. L’objectif final étant de se désimprégner de l’importance qu’elles ont à nos yeux. De ne plus s’identifier à elles et de les considérer comme des phénomènes mentaux.
La pratique de la méditation a beaucoup à nous apprendre sur la manière dont votre esprit peut nous tromper via les pensées. Grâce à elle, il est possible d’observer et de comprendre le fonctionnement de l’esprit. De mieux identifier ces pensées automatiques. Elle propose un moyen de composer avec cette production incessante de pensées. A ne plus les voir comme une pure réalité, mais, au contraire, comme une lecture de celles-ci. De découvrir qu’elles ne sont que des phénomènes mentaux impermanents qui n’ont pas d’existence propre. Encore une fois, inutile de chercher à supprimer les pensées, cherchez simplement à ne pas les nourrir de votre envie de les refouler.
En conclusion
Rappelez-vous cette histoire qui conte qu’un cavalier vint à croiser sur son chemin un homme qui était assis dans un champ. Ce dernier lui demande où il va ? Le cavalier lui répond « je ne sais pas il faut demander au cheval ».
Nous devons être vigilants face à nos croyances et à nos attitudes générées par nos pensées automatiques car elles pourraient nous entraîner dans des directions non souhaitées. A perdre le contrôle de nos actes et de nos paroles et ainsi de devenir des personnes que nous n’aimerions pas être.