Méditer pour le bonheur des autres
Souvent notre souffrance est grande car nous nous apitoyons sur notre sort. En fait, nous nous donnons trop d’importance. Nous oublions que dans notre monde actuel nous faisons partie de cette catégorie de la population qui est la plus favorisée matériellement. Nous mangeons tous les jours à notre faim, nous avons un toit, un système qui nous permet de vivre en bonne santé et bien d’autres avantages encore comparé à d’autres et pourtant nous nous plaignons de notre situation et sommes souvent assez insatisfaits.
D’un autre côté, on lutte pour préserver ses acquis et protéger son territoire. Toute perte de confort, de plaisirs, de choses agréables, est perçue comme une menace car dans notre esprit règne la croyance que c’est en accumulant que l’on devient heureux et que plus on possède, plus on est heureux. Or, plus on possède, plus on a peur de perdre et donc ce qu’on accumule au final c’est de l’angoisse, de la passion, de la jalousie ou autre chose. En résumé, on accumule de la souffrance.
Dans le même temps, on s’attarde sur les agissements d’autrui. C’est l’arrogance qui nous portent à parler des défauts des autres pour nous mettre en valeur à leurs dépens. S’attarder sur les autres signifie entre autres critiquer autrui lorsqu’il fait quelque chose qui enfreint nos principes, nos valeurs et on met son insatisfaction sur le compte d’autrui.
Aider autrui, se dévouer, contribuer, tendre la main, écouter, prendre dans ses bras… Nous sommes tous d’accord sur le fait que tous ces actes requièrent courage et générosité. Prendre soin de l’autre, c’est se consacrer à lui, et laisser de côté ses préoccupations propres au profit de l’autre, afin de lui donner ce dont il a besoin.
S’ouvrir à l’autre relève d’une bonne intention : nous avons tous des a priori, des réticences, qui nous bloquent au dernier moment. Pourtant, si l’on veut véritablement se transformer en profondeur, il faut surmonter ces obstacles.
La méditation de Tonglen
Le Tonglen, pratique méditative d’entrainement de l’esprit, est un mot issu du bouddhisme tibétain, qui signifie « donner et recevoir » pour développer une attitude altruiste. C’est apprendre à absorber ce qui est négatif dans notre univers pour le restituer sous une forme positive. Sa pratique permet de dépasser ses peurs et de développer sa capacité d’acceptation des événements extérieurs.
Le Tonglen, renverse la tendance à se durcir et à se refermer car il cultive la bienveillance et la compassion. Le pratiquer, c’est prendre acte et reconnaître pleinement la douleur et le malaise au lieu de s’en éloigner. Au lieu de ressasser ses problèmes personnels, on se met à la place de ses semblables et on apprécie la condition humaine qui est la sienne. C’est alors que les barrières se mettent à s’écrouler, et que le cœur, l’esprit, commencent à s’ouvrir.
Sa pratique apprend à absorber ce qui est négatif pour le restituer sous forme positive. Tonglen permet de dépasser ses peurs et de développer sa capacité d’acceptation des événements extérieurs. Il permet, sur la base du calme mental, de s’ouvrir pleinement à soi, puis à l’autre. Une compassion et une bienveillance authentiques s’élèveront et la pratique méditative s’unira, peu à peu, à la vie quotidienne.
Comment la pratiquer ?
Cette pratique a pour support la respiration. On imagine symboliquement au moment de l’inspiration, que toutes les difficultés, les maux et les souffrances de tous les êtres sont absorbées en nous et se dissolvent dans notre cœur, et qu’ainsi ces derniers en sont définitivement délivrés. Comme un brouillard terne ou une fumée, qui se dissout au cœur de l’être. Puis à l’expiration, on visualise et restitue ce qu’on peut imaginer de mieux, on fait don de sa bienveillance, de sa joie, de sa paix et de l’énergie dont on dispose et dont on est le canal. Une telle attitude a la capacité d’aider les êtres en souffrance à faire disparaître les obstacles auxquels ils font face et nous nous réjouissons à l’idée de les savoir libérés de leur souffrance et établis dans le bonheur.
Qui n’a pas remarqué dans sa vie à quel point une parole, un simple trait de bonté, pouvaient faire une vive impression ? C’est qu’une simple attention a quelquefois plus d’épanchement d’âme qu’un immense bienfait.
François de Reynaud de Montlosier