Il est où le bonheur ?

Bonheur et paix. Voilà véritablement les deux espoirs majeurs de l’existence humaine. Tous les êtres courent après et le principal élan de leur vie est orienté vers la quête existentielle de ce bonheur dont chacun, selon ses dispositions et ses intérêts, a sa propre conception.

Bien sûr nous sommes immergés dans cette société de consommation, avec ses biens et ses services faciles d’accès, et la publicité qui les vante en prétendant « le bonheur obligatoire ». Comment oser ne pas être heureux alors que tout est si facile, alors que tout s’achète à coup de clic ?
Pour cette société, dont l’illusion est de croire qu’elle puisse combler tous nos besoins, l’idée qu’on puisse ne pas être heureux n’est pas tolérable.

Chacun a sa propre notion du bonheur

Le bonheur pour beaucoup d’entre nous, c’est parvenir à ses fins, connaître la réussite, le succès, obtenir tout ce dont ils ont envie. Tant que les désirs se réalisent, que les passions sont exhaussées, leur bonheur est parfait et ils ne se sentent pas frustrés. Mais s’ils n’arrivent plus à obtenir ce qu’ils veulent, alors le malheur commence.

Combien d’entre nous cherchent ce bonheur dans les objets, les relations, la possession, la famille, le niveau social… ? Ces objets, ces relations, ces possessions sont impermanentes, ils s’usent ou se perdent ; de quel type de bonheur peut-on atteindre par l’intermédiaire d’un moyen, d’une relation ou d’un objet ? Il y a bien des fois où nous sommes heureux, n’est-ce pas ? Non, il n’y en a pas. Cela semble seulement le cas. Prenez n’importe quel moment où vous vous sentez réellement comblé et examinez-le attentivement. Sous la joie éphémère, il y a ce fin courant sous-jacent de tension qui pénètre tout, et aussi merveilleux que soit cet instant, il va se terminer.

Aussi grand soit ce que nous venons de gagner, nous allons en perdre une partie ou passer le reste de notre vie à essayer de préserver ce que nous possédons ou à faire des plans pour en gagner plus. Il est impossible d’avoir tout ce que nous rêvons. Mais que recherchent les êtres ? Un bonheur ou une sorte de satisfaction dont ils espèrent tirer un bonheur ? S’attacher à une telle conception d’un  bonheur aussi précaire, n’est-ce pas en fait s’assurer de souffrir en le perdant.

Le bonheur matériel ou spirituel ?

Il y a le bonheur ordinaire que le commun des mortels recherche, celui qui est ressenti lorsqu’un désir compulsif particulier ou une envie est satisfaite. C’est la signification ordinairement donnée au mot « bonheur ». Et puis, il y a le bonheur qui est expérimenté quand il n’y a aucune soif, aucun désir du tout, quand nous sommes totalement libres de toute soif, de tout désir et de toute envie. Pour bien saisir cette notion, faites bien attention à la distinction suivante : le bonheur lié à la satisfaction d’une soif et le bonheur lié à l’absence de soif. Pouvez-vous voir la différence ? Pouvez-vous sentir la distinction entre le bonheur lié à la soif et le bonheur lié à l’absence de soif ?

Où trouver le bonheur lié à l’absence de soif ?

Le bouddhisme soutient que le bonheur est en chaque être humain. Pour être heureux, il ne convient pas de se construire un bonheur, mais d’aller chercher en soi cet état d’esprit.

Pourquoi peut-on affirmer que le bonheur parfait est en chacun de nous ?

Y-a-t-il une preuve de l’existence de ce bonheur en nous ? Lorsque l’on prend le temps de s’observer, on peut remarquer que chaque acte que nous faisons dans la vie est un acte ayant pour motivation d’aller bien. Chaque décision prise a pour sens d’aller vers un mieux-être. Notre vie est une recherche permanente du bonheur.

Si le bonheur n’était pas en nous, nous ne penserions même pas à être heureux. Est-ce que nous nous levons tous les matins avec l’idée d’aller chercher un fruit dont on n’a jamais entendu parler ?

Le bonheur vu par le bouddhisme

Le bouddhisme enseigne que le bonheur ultime est réalisable par la transformation de l’esprit. Pour lui, le bonheur n’est pas une idée mais un niveau de conscience qui croît non pas par la pensée mais par la connaissance naît de l’expérience.

Le vrai problème est-il de trouver la recette du bonheur ou plutôt d’être capable de comprendre la souffrance ? Qu’est-ce que la souffrance ? Que veut dire souffrance ? Qu’est ce qui souffre ? Nous ne comprenons pas la souffrance parce que nous voulons y échapper, en comptant sur un gourou, un sauveur, en récitant des mantras, avec l’alcool ou toute autre forme de dépendance ; tout est bon pour échapper à ce qui est.

Tout d’abord, il vous faut commencer par prendre conscience et accepter qu’en ce monde rien n’est permanent, reconnaître le caractère fluctuant ou périssable de toute chose. Toute chose assurément appréciable est malheureusement marquée du sceau de l’instabilité, peu durable, impermanente. Mais, au fait, qu’y a-t-il de permanent ? La jeunesse ? La santé ? La vie elle-même ? Rien de tout cela.

D’un point de vue bouddhiste, la vie n’a ni sens ni objectif. Je sais bien que cette réponse, abrupte, risque de vous choquer, mais, pour moi, elle est évidente et pragmatique. Elle prend en compte la réalité de l’impermanence, le fait que rien n’existe en soi, que rien ne dure, que tout change sans cesse. Que tout bouge constamment, et l’accepter m’autorise à vivre en cohérence avec la loi de l’impermanence.

Mais alors c’est quoi le bonheur ?

Le bonheur authentique « celui de l’absence de soif » naît et réside dans notre esprit. C’est un sentiment de contentement, de plénitude, de paix intérieure, qui ne naît d’aucune condition extérieure. Qui se découvre en investiguant avec enthousiasme et curiosité ce que nous expérimentons dans l’instant présent. Beaucoup ne sont pas heureux, car ils veulent posséder le bonheur, alors qu’il ne se consomme pas. Découvrir sa saveur suppose de faire preuve de persévérance, de discipline, de vigilance, de développer la conscience du moment présent. Ce n’est qu’ainsi que, peu à peu, cet état de sérénité et de paix intérieure que l’on nomme bonheur deviendra stable.

En acceptant l’impermanence des choses, vous ne ferez pas un drame du moindre changement. Appréciez vos biens, mais n’en soyez pas esclave : les revers de fortune vous seront moins douloureux. Le bouddhisme, loin d’interdire de goûter les plaisirs de la vie, nous pousse au contraire à en savourer chaque instant.

« Bien que l’on souhaite éliminer la souffrance, on poursuit uniquement la souffrance. Bien que l’on désire le bonheur, à cause de notre confusion, on le détruit tel un ennemi. »