Méditation : les bases de la pratique

Le bouddhisme n’est pas une religion au sens du dictionnaire, car, contrairement aux autres religions, il ne se donne  pas de dieu. C’est un système philosophique associé à un code de morale physique et mental. L’objectif poursuivi est la souffrance et l’anéantissement de cette souffrance.

Les quatre nobles vérités enseignées par le Bouddha dans son premier sermon constituent la base de ce système philosophique. Les trois premières des quatre nobles vérités exposent  la philosophie du Bouddha et la quatrième, la noble octuple voie décrit un code moral, un savoir être et représente le moyen qui permet d’atteindre la fin de la souffrance.

Pour parvenir à comprendre pleinement les concepts fondamentaux du bouddhisme, il faut d’abord réaliser la vérité de la souffrance. Le Bouddha lui-même attaqua le problème sous deux angles différents. Tout d’abord, par un processus de raisonnement, il amena ses disciples à réaliser que la vie est une lutte, que la vie est souffrance ; la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort sont souffrance.

Cependant, l’influence de la sensualité est si forte chez l’être humain qu’il est capable d’oublier ce qu’il a subit auparavant. Il suffit de penser un moment à la vie telle qu’elle existe dans la période prénatale, et comment à partir du moment de la naissance l’enfant doit lutter pour vivre ; tout ce qu’il doit faire pour se préparer à affronter la vie, et toutes les luttes qu’il doit mener au cours de sa vie d’adulte jusqu’à son dernier souffle.

Il est incontestable que la vie est souffrance. Plus on est attaché à soi-même, plus la vie est souffrance. Les douleurs qu’un être doit supporter disparaissent devant les plaisirs sensuels momentanés, qui ne représentent que de petites lumières dans la nuit. Mais sans cette illusion qui l’éloigne de la vérité, il déploierait sans doute de grands efforts pour s’émanciper des cycles de la vie, de la souffrance et de la mort.

Quand je dis que la vie est souffrance, comme nous l’a enseigné le Bouddha, ne partez pas en courant en vous disant que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue, et que le concept de souffrance selon Bouddha est terrifiant s’il ne laisse aucune chance de vivre heureux.

Qu’est ce que le bonheur ? Malgré toutes les conquêtes de la science dans le domaine du matériel, les êtres sont ils heureux ? Ils peuvent, de temps en temps, connaître des plaisirs des sens, mais au fond d’eux-mêmes, ils ne sont pas satisfaits ni du passé, ni du présent, ni de l’avenir. Pourquoi ? Parce que l’être, qui maîtrise la matière, ne maîtrise toujours pas son esprit.

Les plaisirs sensoriels ne sont rien en regard du bonheur de la paix intérieure que peut procurer la méditation. Les plaisirs des sens sont toujours précédés et suivis de moments douloureux, tandis que l’extase de la méditation ne connaît pas ces douleurs.

Il est difficile aux êtres qui vivent dans le monde des sens, de comprendre ce qu’est réellement la joie. Il n’y a donc aucune raison de penser que le bouddhisme puisse enseigner une doctrine qui rend malheureux et qui épouvante du spectre de la souffrance.

Quelle est l’origine de la souffrance ? C’est la soif du plaisir des sens. Une fois semée la graine du désir, celle-ci croît et se transforme en envie, puis se multiplie sous forme de besoin et de convoitise axée soit sur le pouvoir, soit sur les bénéfices matériels. Ainsi l’être devient esclave de ses envies et se soumet à de durs labeurs corporels et mentaux pour en supporter le poids jusqu’à la fin.

Le résultat final est toujours l’accumulation de forces mentales mauvaises générées par les actions, les paroles et les pensées inspirées par la colère et le désir qui l’habitent de ne pouvoir arriver à ses fins.

Ainsi, c’est la force mentale des actions qui réagit au fil du temps pour chaque individu. Cette force est la première responsable de l’écoulement perpétuel du fleuve de pensées et de matière, origine de sa souffrance.

Lorsqu’on réalise la vérité de la souffrance, ses causes sont automatiquement anéanties. En comprenant l’enseignement du Bouddha conformément à la voie qu’il nous a indiqué, le chemin n’est autre que le celui de la noble octuple voie décrite dans son premier sermon.

Elle se divise en trois grands états ; éthique ou vertu, méditation et sagesse.

             L’éthique

Les trois caractéristiques de la vertu sont :

  • La parole juste.
  • L’action juste.
  • Les moyens d’existence juste.

Par parole juste on entend un discours bénéfique, jamais grossier ni méchant. Ne pas mentir. Cette attitude vise à atteindre l’essence de la vérité à travers la parole. De dire du mal de quelqu’un, parler pour ne rien dire ou agresser verbalement une autre personne.

Par action juste, on entend les bases de la morale qui interdit de prendre ce qui n’a pas été donné, pour tenir en échec les désirs de possession abusive. De ne pas attenter à la vie de l’autre, car la vie est ce qu’il y a de plus précieux pour tous les êtres, et la compassion du Bouddha s’étend à tous les êtres quels qu’ils soient ; y compris animal et insectes.

S’abstenir de méconduite conduite sexuelle. En effet le désir sexuel est latent chez l’être humain. Pour presque tous il est irrésistible.

Enfin s’abstenir de boire de l’alcool ou de prendre de la drogue, car sous l’effet de l’alcool ou des produits stupéfiants l’être perd son équilibre intellectuel et sa capacité de raisonnement, indispensable à la réalisation de la vérité.

Par moyen d’existence juste on entend un mode de vie qui permet de ne pas aggraver la souffrance des autres êtres, de ne pas s’enrichir sur le dos des autres, ne pas s’enrichir aux moyens d’activités qui vont nuire aux autres.

Ces attitudes justes tendent à permettre de contrôler ses actions et ses paroles, et constituent les bases de la concentration et celui qui désir s’initier à la méditation doit donc surveiller son attitude.

                  La méditation

Nous en venons à l’aspect mental du bouddhisme. Dans cette deuxième étape figurent les données suivantes :

  • L’effort juste.
  • L’attention juste.
  • La concentration juste.

Il est indispensable d’entrainer son esprit. Le développement d’une bonne concentration dépend des efforts et de la capacité d’attention du méditant.

L’effort juste est naturellement une condition nécessaire pour pratiquer l’attention juste. Sans un grand effort de volonté pour limiter le champ de la pensée de l’esprit vagabond et agité, il est impossible de mobiliser la qualité d’attention qui permettra d’aboutir à un esprit suffisamment concentré et à la paix mentale.

               La sagesse

C’est l’aspect philosophique du bouddhisme dans la troisième étape de la noble octuple voie – la sagesse ou vision intérieure.

  • La pensée juste.
  • La vue ou compréhension juste.

La compréhension juste de la vérité est l’objectif et l’objet même du bouddhisme. La pensée juste est l’étude de l’esprit et de la matière, à l’intérieur comme à l’extérieur, pour parvenir à la réalisation de la vérité.

Dans la pensée juste, le méditant centre son attention sur lui-même. En utilisant l’investigation méditative, il comprend la réalité de la nature de la matière puis celle de l’esprit et des processus mentaux. Il commence à réaliser que l’esprit et la matière sont en changement perpétuel, impermanents et fuyants.

En poursuivant sa pratique, il peut enfin se libérer de cette souffrance et passer de l’appartenance au monde à l’au-delà du monde, et entrer dans le courant de l’éveil. Il est alors libéré de l’ego, de ses doutes et de son attachement aux rites et aux rituels. Les pensées négatives s’atténuent et il finit par voir disparaître toute passion et toute colère.

Le développement de la sagesse ainsi que la vision intérieure de la vérité de l’existence se fondent directement par la pratique de la méditation. Sans la pratique de la méditation il n’y aura qu’une compréhension intellectuelle chez l’aspirant à l’éveil.

Par la méditation, le méditant prend conscience des processus qui se déroulent dans son corps. Il en vient à réaliser, physiquement et mentalement, la vérité qui lui apprend que tout son corps n’est après tout qu’une masse en changement perpétuel. C’est là, le concept fondamental du bouddhisme – la nature changeante qui est dans tout, animé et inanimé, dans tout ce qui existe dans l’univers.

Par le biais de la réalisation de l’impermanence, il réalise le concept de la souffrance ou du mal qui s’identifie avec la vie. Au fur et à mesure qu’il progresse dans sa pratique, il rompt avec son égocentrisme et émerge de sa méditation avec un nouveau regard sur le monde, conscient que tout ce qui survient dans l’univers est soumis aux lois fondamentales de la cause et de l’effet.