A la rencontre de la conscience impermanente
Ce que nous appelons notre conscience et à laquelle nous souhaiterions tant raccrocher notre désir de permanence voire d’éternité est en réalité qu’un flux vertigineusement rapide d’unités de conscience successives. Lorsqu’une unité de conscience cesse c’est pour laisser la place à la suivante.
Elle est une suite de moments de pensée dont le flux est si rapide que l’illusion et l’ignorance nous la font percevoir comme quelque chose de constant. Cette conscience est temporaire puisque son existence dépend de conditions. C’est pour cette raison que le bouddhisme explique que puisque les conditions naissent et s’évanouissent à chaque instant elles sont impermanentes. Et que donc nous-mêmes nous naissons, déclinons et mourons à chaque instant. Bien entendu, il s’agit d’une naissance et d’une mort psychique et non physique.
Le bouddhisme explique que tout dans notre monde conditionné, n’est que flux de processus impermanents. Il s’agit là d’une loi naturelle et non d’une croyance bouddhique. Tout ce qui est parvenu à l’existence, voulu, composé, coproduit par des conditions est impermanent.
La conscience apparaît et disparaît toujours en dépendance d’autres choses, de conditions. Ce point est fondamental car il évite, comme nous y pousse l’ignorance, de faire de cette conscience une sorte de présence perpétuelle, immuable qui brillerait là-même où il n’y a rien à éclairer. Un substitut d’âme voire une entité permanente ou quelque chose d’équivalent, dont l’existence est affirmée par les religions humaines à l’exception du bouddhisme.
LES RAPPORTS ENTRE LE CORPS ET L’ESPRIT
L’esprit et le corps sont interdépendants. Ils apparaissent et disparaissent ensemble. Ils interagissent et se confortent mutuellement. Le psychique est impuissant car ce n’est pas par son seul pouvoir qu’il apparaît et se manifeste dans telle ou telle circonstance.
Le physique lui aussi est impuissant car ce n’est pas de son propre chef qu’il apparaît et agit de telle ou telle façon. Par contre, plus rien ne les empêche d’apparaître et d’agir lorsqu’ils s’aident mutuellement.
Le psychique opère avec l’aide du physique – Le physique opère avec l’aide du psychique. Les deux s’entraident, interagissent et seule la mort physique permet de défaire cette interaction. La conclusion principale de ce constat est que l’esprit n’est pas permanent ni éternel.
Dans notre existence, il ne se produit que du psychique et du physique par enchaînement de causes et d’effets. Il n’y a pas d’acteur derrière, ni de bénéficiaire du résultat derrière le résultat. Visuddhimagga XIX
Il y a de la souffrance mais personne qui souffre
Il y a de l’action sans aucun acteur
Il y a extinction mais personne qui s’éteint
Le chemin existe sans que personne chemine
Visuddhimagga XVI
LE PROBLEME DE L’ATTACHEMENT
Pour rappel, là où il y a attachement, il y a servitude. Quand nous sommes attachés à quelque chose ou à quelqu’un, nous sommes enchaînés comme nous le serions dans une prison. Nous devons comprendre clairement cette notion d’attachement. La voir comme étant une prison. Une prison mentale qui a les mêmes caractéristiques qu’une prison véritable à la différence qu’elle est invisible à nos yeux. Et le plus extraordinaire, c’est que les êtres viennent s’y enfermer de leur plein gré. Ceci est un aspect vraiment paradoxal de la prison spirituelle.
L’attachement est une notion importante du bouddhisme. S’en libérer est le moyen d’en finir avec la souffrance et cette libération fait partie du cœur son enseignement.
CONCLUSION
Seule la pratique méditative permet de comprendre ce que nous sommes réellement. Quel but spirituel doit être recherché et atteint. Dans le cas contraire, du à son ignorance, son désir, sa peur, l’être aura besoin de s’imaginer durable; il va s’attacher à cette idée avec acharnement.