Discipline et morale dans le développement spirituel

La discipline et la morale sont des outils essentiels sur la voie du développement spirituel. Un certains nombres d’occidentaux rejettent souvent les règles et la discipline sous prétexte qu’elles s’opposent à leur soi-disant liberté, alors qu’elles sont indispensables pour devenir réellement libre. La discipline, l’effort et la patience jouent un rôle très important. Plus encore que la discipline, la morale a mauvaise presse en occident. Elle est souvent assimilée aux efforts déployés par la société pour limiter la liberté de vie et d’opinions.

Les occidentaux en général cultivent un mythe selon lequel la liberté serait la libre expression, et que la vraie liberté consisterait à satisfaire tous ses désirs. Or, si l’on observe ce qui se passe dans l’esprit on s’aperçoit que désirs, attirances et répulsions ne mènent pas à la liberté mais à une sorte d’esclavage. La liberté ne saurait être conquise par la capacité à exécuter certaines actions extérieures. La véritable liberté est un état d’être intérieur. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre les préceptes et les règles morales du bouddhisme.

La vertu et la morale aide dans la pratique

En réalité, la morale et la vertu sont d’une grande aide dans la pratique. Dans le bouddhisme, le respect des préceptes moraux participe grandement au développement de la concentration et de la sagesse. En occident, la situation est souvent l’inverse. De nombreux occidentaux commencent par réaliser que leur vie et la société dans laquelle ils vivent sont insupportables et ainsi afin de se sentir libre certains commencent par abandonner toute conduite morale. Puis ils en viennent à rechercher la paix à travers diverses techniques spirituelles et/ou la méditation. Beaucoup finissent par comprendre enfin la nécessité de se plier, dans leur pratique, à un mode de vie fondé sur la morale, pour se libérer l’esprit de l’angoisse, de la convoitise et de la haine.

Qu’est ce que la morale, et d’où vient elle ?

Les règles morales du contrôle de soi (pensées, paroles et actes) ne sont que des formulations qui servent de base aux relations entre les êtres pour leur permettre de vivre en harmonie dans la société. C’est ce qui fixe les limites de l’exubérance dans les activités ou les paroles de quelqu’un. Si l’on respecte la morale, c’est pour vivre en société de manière heureuse et sereine avec des gens qui vivent eux-mêmes selon la morale.

Les personnes qui ont un esprit bas ont du mal à saisir l’utilité de la morale, car elles ne souhaitent pas devenir des personnes convenables, ni à s’intégrer à l’univers des gens convenables. Certaines allant jusqu’à préférer ruiner le bonheur des autres et introduire le trouble et la perturbation dans le monde dès qu’elles en ont l’occasion.

Des actes tels que le meurtre, le mensonge et le vol sont le fait d’un esprit soumis au désir, à la discrimination et à l’égoïsme. Dans la vie ordinaire, nous passons notre temps à réagir à des stimuli en fonction de notre conditionnement. Ce conditionnement très fort nous amène parfois jusqu’à des situations dans lesquelles nous agissons tel que nous pouvons blesser notre entourage.

Si nos actes, nos paroles, notre style de vie ou nos objectifs entraînent le malheur et la douleur pour nous-mêmes ou pour les autres, il sera très difficile pour notre esprit d’accéder à plus de sérénité et de compassion. Un comportement contraire à l’éthique laisse dans l’esprit des résidus de regrets, de culpabilité et de malaise qui vont créer des flots de pensées agitées.

Observer des  préceptes moraux

En observant des préceptes moraux, nous fixons des limites à la réalisation de nos désirs et de nos réactions conditionnées. Les règles nous permettent de mettre un frein à l’égoïsme et les contraintes que nous imposons à nos sens de ne pas susciter de nouveaux désirs.

La vertu dans l’action a un pouvoir étonnant. Dans les monastères bouddhistes Theravada dont je suis rattaché, la pratique est fondée sur la  méditation et le respect des préceptes moraux, notamment les deux cent vingt-sept règles du Patimokka. Une pratique stricte et disciplinée débouche rapidement sur le renoncement aux désirs et à l’égoïsme. Un esprit conduit par l’honnêteté et la vérité atteint plus rapidement la tranquillité et la paix.

Lorsque l’on décide de respecter des préceptes la règle traditionnelle bouddhiste veut que l’on déclare : « J’entreprends de m’entraîner à m’abstenir de porter atteinte à ma vie et celle d’autrui. » Un précepte est une règle que l’on décide de respecter, afin d’aboutir à la pacification de l’esprit qui nous permettra de voir la véritable nature des choses et à vivre en harmonie avec le monde.

L’éthique bouddhiste

C’est entre autres s’abstenir d’intentions et d’actions négatives envers tous les êtres. C’est créer une activité vertueuse par tous les moyens tout en dédiant ses actes, ses pensées, ses actions au bien des êtres. Il s’agit de ne pas leur faire du tort, ni de leur nuire. Pour les laïques, elle se base sur cinq préceptes :

  • respecter la vie,
  • ne pas prendre ce qui ne m’est pas donné,
  • une conduite sexuelle correcte,
  • ne pas parler de façon préjudiciable (mensonge, grossièreté, ragot, conversation futile),
  • ne pas prendre de produits toxiques (qui altèrent l’esprit et mettent en péril le respect des autres préceptes).

Ces préceptes moraux peuvent paraître simplistes et contraire à l’infinie possibilité d’action que représente une certaine conception de la liberté.

Ils deviennent des outils très puissants, si on les utilise à bon escient, pour parvenir à se libérer l’esprit. En même temps il n’est pas nécessaire de s’y attacher aveuglément. Une formule zen dit : « Ne t’attache pas aveuglément aux préceptes et ne les utilises pas pour juger les autres. Saches quand les respecter et quand les enfreindre. »

« L’éthique, c’est le travail que je consens à faire pour réduire, autant que faire se peut, l’inévitable écart entre mes valeurs affichées et mes valeurs pratiquées », autrement exprimé: l’écart entre ce que je dis et ce que je fais.

                                                                                                                                                        Jean-François Malherbe