Y-a-t-il une vie après la mort ?

Beaucoup d’entre vous font de gros efforts dans leur pratique de la méditation. Pourtant, c’est comme s’ils ne pouvaient obtenir le moindre résultat satisfaisant.

D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Quand partons-nous ?

Nous ne le savons pas ; la seule chose que nous savons c’est que nous devrons partir un jour. Nos biens, nos amis, nos parents qui nous sont si chers, ne nous suivront pas. Non plus que ce corps que nous appelons nôtre et que nous aimons tant.

La question de la re-naissance, ce que l’Occident appelle généralement la réincarnation, est l’une de celles qui permet de mieux comprendre l’objectif final du bouddhisme.

Re-naître, est-ce une opportunité de progresser ou est-ce une nouvelle occasion de souffrir ? La succession des vies est présentée par le bouddhisme comme une réalité, comme une loi naturelle, se situant par conséquent au-delà du négatif et du positif. En fait, re-naître c’est apprendre.

Le Bouddha à travers son enseignement à mis en lumière le fonctionnement des lois naturelles et en particulier celle de la re-naissance. Il découvrit qu’il était possible d’échapper à ce mécanisme. Y parvint lui-même. Il se donna pour objectif d’enseigner la voie menant à « comment échapper aux exigences de la réalité en se libérant de l’ici-bas comme de l’au-delà, au lieu d’en rester un prisonnier impuissant.»

Le bouddhisme et la mort

Le bouddhisme attribue la mort à l’épuisement de la force du « karma reproducteur » qui produit la naissance voir la renaissance. Lorsque l’énergie de ce karma reproducteur est épuisée, les activités organiques du corps dans lequel cette force vitale est incarnée, peuvent cesser avant même l’approche de la vieillesse.

De même que la lumière électrique est seulement la manifestation visible de l’énergie électrique invisible. Nous sommes la manifestation extérieure visible de l’invisible énergie karmique. Si l’ampoule se casse la lumière s’éteint. Cependant le courant persiste, et la lumière peut renaître dans une nouvelle ampoule. De la même manière, la force karmique n’est absolument pas bloquée par la désintégration de son véhicule physique du moment.

Au moment de la mort, la conscience ne meurt que pour donner naissance à la nouvelle conscience dans une nouvelle vie. Cette conscience renouvelée hérite de toutes les expériences passées.

Nous sommes nés dans l’état qui a été créé par nous-mêmes

Aujourd’hui, si malgré nos vertus du moment présent, nous avons une vie malheureuse, cela est dû à l’éthique et aux comportements que nous avons eus dans les vies passées. Les douleurs et les plaisirs de cette vie ne sont que la punition ou la récompense de nos actions dans un état antérieur. Le fruit amer de beaucoup d’actes égoïstes, d’entêtement et de fautes que nous avons oubliés, justement à cause de leur grand nombre.

D’un point de vue scientifique, nous sommes le résultat direct de l’interaction d’une cellule sexuelle maternelle et d’un spermatozoïde paternel. Si cette explication vaut pour la matière cad le corps humain, qu’en est-il du mental cad l’esprit, infiniment plus important que le simple mécanisme du corps humain ? Est-ce que ces deux éléments sont les seuls qui entrent en jeu pour la production du fœtus ?

Quel est la position du bouddhisme concernant l’origine de la vie ?

Il propose une solution en attribuant la destinée à cette interaction cellulaire à un troisième élément qui est nommé « l’être à naître » et qui est d’une importance vitale pour la formation du fœtus. Un facteur grandement responsable des distinctions subtiles qui existent entre les êtres.

Si ces trois éléments se retrouvent en combinaison, un germe de vie est planté. Si le futur père et la future mère s’unissent à une époque favorable mais que l’être à naître soit absent, aucun germe de vie ne sera planté. Si le futur père et la future mère s’unissent, que ce soit l’époque favorable pour la mère, et que l’être à naître est présent, alors par l’interaction de ces trois éléments un germe de vie pourra naître à l’existence.

Pour que cet « être à naître » appelé aussi « la conscience de la renaissance » soit présent, un être doit mourir quelque part ; la naissance d’une vie dans ce monde signifie la fin d’une vie précédente.

Naissance et mort ne sont que deux phases d’un même processus ; la naissance précède la mort et la mort précède la naissance.

 Raison de croire à une vie antérieure ?

Quelle raison avons-nous de penser qu’il existe une vie antérieure à celle que nous vivons actuellement ? Généralement, ceux qui nient la réalité des re-naissances appuient leur affirmation sur l’absence de preuves, et plus précisément sur l’absence de souvenir des vies passées.

Bien souvent, nous faisons la connaissance de personnes que nous n’avions jamais rencontrées, et pourtant, nous avons le sentiment profond qu’elles nous sont familières ; souvent aussi, nous visitons des lieux où nous ne sommes jamais allés et pourtant, nous avons l’impression de les connaître parfaitement.

Depuis des temps anciens, il naît des personnages extraordinaires, des génies et des prodiges comme Mozart, Platon, Beethoven, Léonard de Vinci, Jules Vernes… L’hérédité seule ne peut expliquer ces phénomènes. Auraient-ils pu atteindre de tels sommets s’ils n’avaient déjà vécu de nobles vies et acquis leur expérience dans le passé ?  Est-ce par hasard qu’ils soient nés de parents particuliers et placés dans des circonstances favorables ?

Un penseur occidental a dit : « Que nous croyons ou non à des existences antérieures, c’est pourtant la seule hypothèse raisonnable qui permette de combler certaines lacunes de nos connaissances humaines concernant des faits de la vie de chaque jour ».

Les dizaines d’année que nous passons ici-bas sont-elles une préparation sassez suffisante pour l’éternité ? Le présent n’est-il pas le fils du passé et le père du futur ? S’il y a des raisons de penser que nous avons existé dans le passé, il n’y a pas à douter que nous continuerons à exister après que notre vie présente soit arrivée à son terme.

Plutôt que de spéculer sur les modalités de la renaissance, le bouddhisme invite avant tout à comprendre les causes de cette re-existence. Une re-naissance générée par une soif qui produit le redevenir, qui est liée à une avidité passionnée et qui trouve une nouvelle jouissance tantôt ici tantôt là, c’est-à-dire dans la soif des plaisirs des sens, la soif de l’existence et celle du devenir »

Le terme de « re-naissance » n’est pas idéal et véhicule quelques sources d’incompréhensions, mais c’est celui qui semble trahir le moins la doctrine bouddhiste. Tous les autres termes, parce qu’ils ont en commun d’inclure l’existence de quelque chose d’éternel passant d’un corps à l’autre, sont en contradiction absolue avec deux caractéristiques de la réalité selon le bouddhisme : l’absence d’âme et l’impermanence.

Dans l’histoire des religions et des philosophies, nombre de théories de la survivance de la conscience (ou de « l’esprit ») ont été élaborées. Que ce soit la transmigration ou la métempsychose, ou d’autres encore, aucune ne peut s’appliquer à la doctrine bouddhique car toutes présupposent l’existence d’une entité stable, de quelque terme qu’on puisse la désigner, qui passerait d’un corps à un autre.

La renaissance dont parle le bouddhisme doit par conséquent être soigneusement distinguée des théories auxquelles renvoient les termes suivants.

La réincarnation

Étymologiquement, le mot renvoie à une nouvelle entrée de quelque chose dans la chair. Dans l’optique du bouddhisme, ce mot est également trop réducteur puisqu’il méconnaît la réalité des multiples modes d’existence non charnels est plus prudent dans la mesure où il ne prend pas parti sur la nature du corps en question.

La métempsycose

Etymologiquement, « la migration du psychisme ». Cette conception n’est pas partagée par le bouddhisme qui reconnaît la possibilité de renaissances dans des états inférieurs ou supérieurs à celui d’être humain, pour la simple raison que le progrès comme la régression d’un être sont liés à la qualité et à la quantité de ses actes intentionnels : le karma.

La transmigration

Ce terme, désignant la migration d’une âme d’un corps dans l’autre, parce qu’il est très général, est aujourd’hui employé par certains auteurs qui souhaitent éviter les confusions et réductions véhiculées par les notions de « réincarnation » et de « métempsycose », en particulier l’idée de l’évolution continue d’une âme.

Ce qui se produit dans la re-naissance, ce n’est pas le déplacement d’une âme échappée d’un corps vers un autre réceptacle corporel, mais la constitution d’un nouvel ensemble psycho-physique influencé par les actes intentionnels passés d’un autre ensemble psycho-physique.

Les profanes imaginent, en général, que les bouddhistes croient à la réincarnation de l’âme. C’est là une erreur. Ce que le bouddhisme enseigne, c’est que l’ignorance associée à l’énergie produite par l’activité mentale et physique d’un être (le karma), cause l’apparition de nouveaux phénomènes mentaux et physiques après que cet être ait été dissous par la mort.

D’après les enseignements, chaque être renaît sans cesse depuis des temps incalculables et ne peut s’émanciper du cycle sans fin des renaissances qu’en s’entraînant à une pratique juste jusqu’à atteindre l’état d’éveil. Pour les bouddhistes, la mort n’est pas un état mais seulement une étape qui permet le passage d’une existence à la suivante.

De la même manière qu’il est impossible de prouver qu’il n’y a pas de vie après la mort, on ne peut prouver qu’il y en a une. Toutefois, plus on avance dans la pratique de la méditation, plus on développe une compréhension juste de la réalité et moins on a de doutes quant à la véracité de la parole du Bouddha et plus cette notion apparaît évidente.

Qu’est-ce qui relie une vie à la suivante ?

Y a-t-il une âme, un soi ou une personnalité réelle qui transmigre d’une vie à l’autre ?

Selon les enseignements du Bouddha la re-naissance est un processus de régénération. C’est la nouvelle manifestation d’une existence, d’une vie, en dépendance des énergies développées dans le passé par les actions volontaires et conscientes (karma), corollaire direct de la théorie de la causalité.

« Ce que vous faites avec le corps, la parole et la pensée, vous appartient, vous l’emportez avec vous ; cela vous suit comme une ombre qui ne vous quitte jamais »

Plutôt que de spéculer sur les modalités de la renaissance, le bouddhisme invite avant tout à comprendre les causes de cette re-naissance. En fait celle-ci n’est ni le fruit du hasard, ni celui d’une volonté divine. C’est une soif qui produit la re-naissance et le redevenir, qui est liée à une avidité passionnée et qui trouve une nouvelle jouissance tantôt ici tantôt là, c’est-à-dire la soif des plaisirs des sens, la soif de l’existence et du devenir et la soif de non-existence.

Dans le bouddhisme il n’y a pas de notion d’un dieu qui créait le mouvement continuel. La roue des existences est dépourvue de créateur. Et à la question « Où se situe le commencement ? », nous bouddhistes répondons nulle part. Le système n’a pas de commencement, ni de créateur, car aussitôt que vous affirmez qu’il y a un commencement apparaît la question de qui l’a créé ? Immédiatement suivi de la question qui a créé le créateur ? Nous disons alors que pour le bouddhisme il s’agit là d’un système qui se contient lui-même.

Qu’est-ce qui re-naît ?

Y-a-t-il quelqu’un qui agit dans cette vie, et un autre qui récolte les résultats de ces actes dans une nouvelle vie ? Une première réponse consiste à affirmer que celui qui récolte est le même que celui qui a semé. Une autre affirmation consiste à dire que celui qui sème est différent de celui qui récolte.

En fait, ce n’est ni le même, ni un autre. Pour affirmer nos propos, nous pouvons prendre comme exemple le cas d’un papillon. Il était d’abord un œuf, puis une chenille, puis une chrysalide qui enfin s’est développée en un papillon. Tout ce processus s’est passé dans le cours d’une seule vie. Le papillon n’est ni identique à la chenille, ni totalement différent d’elle.

En vérité, le point important est la continuité et non l’identité. Supposons qu’une personne était X dans sa précédente existence, est Y dans l’actuelle et sera Z dans sa prochaine vie. Il est facile de dire que Y est la continuité de X et que Z sera la continuité de Y. Au moment de la mort de X son véhicule physique a été abandonné et avec la naissance de Y un nouveau véhicule physique apparaît. En dépit du changement, les formes matérielles ont servi de support au courant karmique pour qu’il continue de s’écouler sans être interrompu par la mort. Comme nous l’avons vu plus haut, les êtres ne sont que de simples manifestations visibles temporaires de l’énergie karmique. C’est le karma de chacun qui détermine la nature et sa forme matérielle. L’énergie karmique qui s’est manifestée sous la forme d’un être humain, peut également dans une nouvelle vie se manifester sous la forme d’un animal.
Enfin, en réponse à cette question le bouddhisme suggère « qu’au lieu de s’en préoccuper, il est plus profitable d’employer son énergie à essayer de trancher les liens qui vous conduisent à la re-naissance. »

Le but n’est pas de débattre à l’infini sur ce qui re-naît mais plutôt de comment ne plus re-naître ?

En conclusion

Un pratiquant bouddhiste sincère ne cherche pas absolument à savoir ce qui se passera après sa mort. Il ne spécule pas non plus sur les différentes hypothèses fournies par les traditions religieuses. Il est plutôt inviter à vivre dans la culture de la vigilance et des actions conduisant à l’harmonie intérieure et extérieure.

Ainsi celui qui respecte une éthique et qui entre autres s’abstient de tuer des êtres vivants. De commettre des vols. De s’engager dans des actes sexuels illégitimes. De proférer des mensonges, des paroles calomnieuses ou grossières. Qui s’abstient de convoiter. Qui possède une pensée sans aversion, obtient des résultats agréables, qui se produisent tantôt dans cette vie même, tantôt dans la vie suivante. Tantôt dans d’autres occasions se produisant au-delà de la vie suivante.