Au cours de sa vie, environ un homme sur dix et une femme sur cinq fera une dépression majeure. Fondamentalement, les mécanismes de la dépression sont de nature neurobiologique et psychologique ; une maladie qui parfois n’a pas l’apparence d’une maladie et qui peut être mal interprétée par l’entourage proche.
Par ignorance celui-ci s’arrête souvent sur des idées reçues. « Tu n’as pas envie d’aller mieux – Bouge toi un peu ça va aller – Ne prends pas d’anxiolytiques çà va t’abrutir – Pense à ta famille de te voir comme çà – Est-ce que tu t’es vu ? ». La perte de plaisir et le sentiment d’incapacité à faire sont les deux paramètres faisant partie de la définition de la dépression.
En fait, il y rare qu’un symptôme dépressif soit issu d’une seule cause. Parfois, c’est une période de vie difficile qui peu avoir générer la situation présente. Cela peut être du aussi à des personnes qui sont plus disposées que d’autres à la dépression. Certaines dépressions ont pour origine notre bagage génétique dont le contexte et l’environnement auront mis en avant ces prédispositions. Voir encore un état de stress post-traumatique déclenché par un traumatisme physique ou moral : agression, perte d’un être cher, viol…
Des troubles du sommeil, une sensation de fatigue, une perte d’appétit ou au contraire un accès de boulimie, une sensibilité aux événements sociaux stressants, des troubles sexuels, une baisse d’estime de soi, un manque de motivation ou d’investissement dans les activités du quotidien : l’un ou l’autre de ces signes (parfois plusieurs combinés) peuvent alors indiquer qu’un état dépressif est là.
Les psychothérapies aident à soulager efficacement la dépression et notamment la thérapie comportementale et cognitive qui permet d’agir sur les pensées négatives.
Que peut offrir la pratique méditative de pleine conscience face à une dépression ?
Elle n’est certainement pas un traitement contre la dépression. A ce jour, aucune étude n’invite à remplacer un traitement médical ou une psychothérapie par de la méditation.
Elle est une méthode proche de la TCC qui permet d’agir sur les ruminations auto-dépréciatives et les pensées. Elle ne vise pas à éliminer un symptôme ou à supprimer des pensées auto-dévalorisantes grâce à des outils agissant sur le contenu des pensées, comme le préconise l’approche cognitivo-comportementale. Elle cherche seulement à modifier l’attitude face aux symptômes.
Elle invite à rester dans l’instant présent avec une attitude intentionnelle d’ouverture et d’observation à l’expérience sans tenter de la changer, de la fuir, de la modifier ou de la remplacer. Il s’agit de prendre de la distance avec ce qui affleure à la surface du mental.
Un regard distant se met alors en place tout en observant la tourmente avec plus de sérénité. Le pratiquant gardant à l’esprit qu’il n’est pas ses pensées et que celles-ci ne sont que des phénomènes mentaux qui ne reflètent pas la réalité. Il les voit alors comme des fabrications mentales et les confond moins avec lui-même. Il développe ainsi des attitudes plus constructives que réactives et moins toxiques à son égard.
Il ne s’agit rien d’autre que d’un entraînement de l’esprit pour porter son attention intentionnellement sur les sensations douloureuses avec bienveillance.
Par ailleurs, il est avéré que la dépression est une maladie récidivante. En effet, plus de la moitié des personnes ayant souffert d’un épisode dépressif en referont au moins un au cours de leur vie. Avec un risque accru dans les deux années qui suivent une dépression et chez les personnes qui ont déjà connu plusieurs épisodes dépressifs. Un facteur de stress majeur – comme la perte d’un emploi, un deuil, une séparation – n’est même plus nécessaire pour retomber en cet état.
Un article du monde révèle le point suivant : Un groupe de chercheurs britanniques a cherché à tester en parallèle les deux types de traitements. L’équipe dirigée par Willem Kuyken, professeur en psychologie à l’université d’Oxford, a évalué l’efficacité de la méditation par rapport aux antidépresseurs dans un essai en « double aveugle », méthode qui permet de comparer rigoureusement deux traitements. Quatre cent vingt-quatre patients ayant souffert par le passé d’au moins trois importants épisodes dépressifs ont été traités soit par méditation soit par antidépresseurs.
Au terme d’un suivi de plus de deux ans, les deux « traitements » se sont révélés « positifs » pour éviter ou retarder les rechutes mais sans qu’on puisse établir une supériorité de la méditation sur les antidépresseurs en terme d’efficacité et de coût, révèle l’étude. Les auteurs estiment toutefois que « cette étude, ajoutée aux précédents travaux, donne des preuves solides de l’efficacité » de la méditation de pleine conscience « pour les patients qui veulent une alternative » aux antidépresseurs.
Dans un commentaire publié par The Lancet, le professeur Roger Mulder, qui n’a pas participé à l’étude, juge ce nouveau traitement par la méditation “prometteur, raisonnablement bon marché et applicable à une large part des patients à risque de dépression“.